LE PRESIDENT FELIX TSHISEKEDI ACCUSE LE RWANDA DE VIOLER L’ACCORD DE PAIX DE WASHINGTON

La tradition a été respectée.  Le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, a tenu ce lundi 8 décembre, son tradionnel discours sur l’état de la nation, devant les deux chambres du Parlement réunies en Congrès. Ce, conformément aux dispositions de l’alinéa 3 de l’article 77 de la constitution du 19 février 2006, révisée en 2011.

« C’est un rendez-vous de vérité, de redevabilité et d’espérance », déclare le Chef de l’État, dès l’entame de son speech. Et d’ajouter: « L’année 2025 aura vu l’Est de notre pays plongé dans l’une des périodes les plus sombres de ces dernières décennies », évoquant la situation dans le Nord- Kivu, Sud-Kivu et dans l’Ituri, trois  provinces en proie à une insécurité chronique depuis des décennies.

« Une agression par procuration »

Parlant de la situation préoccupante dans la partie orientale de la RD Congo, le  président Félix TSHISEKEDI n’y est allé avec le dos de la cuillère.

Sur un ton ferme,  dépouillé de toute circonvolution, le Premier des Congolais a ouvertement accusé le Rwanda de « violer ses engagements », quelques jours après les accords de paix signés le 4 décembre courant à Washington, sous les auspices du Président américain Donald Trump.

Pour illustrer ses propos, le Président Félix TSHISEKEDI a fait part au Congrès, de l’escalade de la violence, assortie de bombardements de Kamanyola, Katogota et Luvangi, localités du territoire d’Uvira dans le Sud-Kivu, par des forces coalisées du M23/AFC, soutenues par le Rwanda.

Selon le Chef de l’Etat congolais, ces attaques à l’arme lourde, sont une preuve irréfutable de violation de cessez-le-feu, Une violation du cessez-le-feu, que le Gouvernement de la RDC et le M23 s’étaient engagés à respecter depuis Qatar »Il ne s’agit pas d’une rébellion interne, mais d’une agression par procuration, visant à contester notre souveraineté sur un espace hautement stratégique, riche en minerais critiques » , hurle le Chef de l’Etat congolais.

 Et de prévenir: « Tant qu’un seul village, tant qu’un seul quartier, tant qu’une seule colline de ce pays restera sous la menace des armes illégales, je considérerai que notre tâche n’est pas achevée ».

Toujours en rapport avec la situation qui prévaut dans la partie occupée du territoire national, le Chef de l’Etat a présenté quatre priorités pour rétablir la paix. A savoir: Le retrait total des forces étrangères ; la coupure des circuits financiers de la violence ; la protection des civils ; l’ancrage d’une paix durable par le développement local.

Aussi, a-t-il par ailleurs, exclu toute amnistie pour les crimes commis, promettant que  « la justice suivra son cours, avec rigueur, jusqu’au bout « .

Les ténèbres ne règneront pas toujours…

Parlant des accords de Washington qui continuent à défrayer la chronique, aussi bien dans les différents états-majors politiques, dans l’opinion que sur les plateformes des réseaux sociaux, le Président  Félix TSHISEKEDI, tel un habile sapeur-pompier, dissipe tout malentendu.

 « Les Accords de Washington ne consacrent aucune forme de partage de souveraineté et ne valident ni les prétentions territoriales de qui que ce soit, ni le bradage de nos ressources », a-t-il expliqué sous les applaudissements frénétiques, aussi bien des élus des deux chambres du Parlement, que de plusieurs centaines de Kinois massés dans la salle de Congrès du Palais du peuple.

Toujours en rapport avec la situation sécuritaire dans les Kivu et l’Ituri, le Président Félix TSHISEKEDI s’est voulu, à la fois confiant et rassurant: »(…) Les ténèbres ne règneront pas toujours, la lumière arrive ».

Il importe de rappeler que dans son discours qui aura duré près de 2h30′, le Président congolais a également dévoilé les grandes orientations pour l’année 2026, centrées sur la consolidation des acquis et la défense de la souveraineté nationale.

Contexte sociopolitique oblige, la sécurité, enjeu majeur de son mandat au sommet de l’Etat, a occupé une place privilégiée dans l’allocution de Fatshi hier lundi devant le Congrès. Il va donc sans dire.

2,87 Milliards Pour Stimuler La Croissance Economique

 Sur le plan économique, le président a mis en avant les avancées de l’année 2025 qui s’achève. Notamment, la conclusion de deux programmes avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM), pour un total de 2,87 milliards de dollars américains, afin de stimuler la croissance et renforcer la résilience climatique.

Pas que. Le Chef de l’Etat a également évoqué l’accord de partenariat stratégique avec les États-Unis, destiné à accélérer l’industrialisation et sécuriser les chaînes d’approvisionnement en minerais.

 L’annonce du budget 2026, chiffré à 20,3 milliards de dollars américains, soit environ 59 020,5 milliards de francs congolais, a été le point d’orgue du discours du président de la République, cette année sur l’état de la nation.

« Ce budget reflète notre détermination à renforcer la stabilité macroéconomique, à accélérer les réformes structurelles et à améliorer les conditions de vie de notre population », a-t-il soutenu,  tout en présentant cette enveloppe comme « le reflet d’une ambition renouvelée ». En hausse de 16 % par rapport à celui de l’exercice en cours,   le budget 2026 encore  sous examen au Parlement, une fois voté à la même hauteur, accordera  priorité aux secteurs de la sécurité, l’agriculture, des infrastructures, de l’énergie,  l’éducation et de la Fonction publique.

Tout bien considéré,  le Chef de l’État a placé la protection de l’environnement au rang des priorités absolues de l’action internationale de la RDC.

 « Notre nation exige que la destruction massive et délibérée de l’environnement soit reconnue et sanctionnée avec la même gravité que les crimes les plus sérieux contre la paix et l’humanité », a-t-il affirmé.

Il a lié cette cause environnementale à un plaidoyer plus large pour l’équité : Justice pour les victimes de l’Est, justice dans la gouvernance et la traçabilité des ressources, justice enfin dans les règles financières internationales. Selon lui, cet engagement a redonné au pays une centralité sur la scène mondiale : « La République Démocratique du Congo a cessé d’être une périphérie des relations internationales. Elle y occupe à nouveau une place centrale, reconnue et écoutée ».

Les Trois Axes De La Trajectoire

Le président de la République a, en outre, rappelé les trois axes de la trajectoire nationale : Protéger les populations et les frontières ; produire de la valeur par le travail, la transformation locale et la bonne gouvernance des ressources et rassembler la Nation autour d’un projet fondé sur la justice et l’espérance.

Toutefois, Il a reconnu les lenteurs et insuffisances du processus de transformation, mais a réaffirmé une ambition intangible. Celle de bâtir une République moderne, stable et prospère, où la croissance se traduit en mieux-être réel pour chaque famille et où la jeunesse trouve des opportunités à la mesure de son talent.

Devant le Parlement,  le président a insisté sur la vocation de la RDC à devenir un pays-solution : pour le climat, grâce à ses forêts et tourbières ; pour la transition énergétique, grâce à ses minerais critiques et son potentiel hydroélectrique ; pour la paix, par son expérience et son engagement en faveur d’un multilatéralisme juste et efficace.

« Cette responsabilité exige unité, discipline collective et lutte contre la corruption et l’impunité », a-t-il exhorté.

En mille mots comme en cent, le speech du Président Félix TSHISEKEDI sur l’état de la nation, hier devant les deux chambres du Parlement réunies en Congrès,  a eu le mérite d’un message de résilience et de confiance en l’avenir, qui place la RDC sur la voie d’une souveraineté consolidée, d’une prospérité partagée et d’une fierté nationale restaurée.

DICOM